A la suite de l'exposition "Picasso et les maîtres" au Grand Palais et en préparation de ma visite à la Tate de l'exposition Bacon, j'ai enfin lu ce livre qui m'avait été offert il y a un moment. Cet ouvrage semble justifier l'analyse que faisait Malraux de la fameuse inspiration dans Les voix du silence. Il y affirme en effet que : "De même qu'un musicien aime la musique et non les rossignols, un poète des vers et non les couchers de soleil, un peintre n'est pas d'abord un homme qui aime les figures et les paysages. C'est un homme qui aime les tableau". Anne Baldassari (RMN-Flammarion, Paris, 2005) s'est livrée à un très minutieux travail de recherche sur l'actualité des exposition de Picasso à Paris et à Londres au moment au Bacon décide d'abandonner les arts décoratifs où il s'était déjà fait un nom, pour devenir peintre, ce qui fut beaucoup plus difficile. Elle entre de ce fait également dans l'évoution psychologique de Bacon et le sens de sa référence à ce maître, figure paternelle, que fut Picasso. Elle identifie trois périodes qui consistent en trois modes de relation différentes. En 1927-1928, c'est la rencontre, le choc Picasso et la puissance de ses images : la relation ici celle de l'initiateur, Bacon parce que Picasso devient peintre. Entre 1929 et 1937, Bacon se livre donc à toute une série de recherches dans l'ombre ou la mouvance du Picasso des Baigneuses à la cabine. Il n'en reste pas grand chose, Bacon en ayant détruit la plus grande part. C'est la période de la recherche de son propre style en passant par Picasso. Enfin entre 1936 et 1944, année de la réalisation des Trois études de figures à la base d'une Crucifixion, Bacon parvient à un moment de synthèse de ses recherches autour de Picasso et se trouve lui-même comme peintre. L'érudition de cette recherche est jointe à un travail de synthèse très clair. L'iconographie est excellente et permet d'ouvrir d'autres regards sur Picasso lui-même. L'exposition du Grand Palais ne proposant pas de rapprochement explicite avec Bacon.