Dans le prolongement de la lecture de Bible et Histoire de Marie-Françoise Baslez, j'ai lu cet ouvrage d'initiation à l'art paléochrétien et byzantin. La démarche de l'auteur, John Lowden, est très anglo-saxonne : il ne s'agit pas d'un usuel offrant une synthèse ordonnée des origines de l'art chrétien, mais plutôt d'une ballade parmi des œuvres marquantes. Bien que maître de conférence en histoire de l'art à l'University Collegue de Londres, on est donc loin de l'ouvrage universitaire. Tel est à la fois le charme du livre et sa limite. On sort de sa lecture en ayant découvert de nombreuses œuvres inconnues (à défaut d'artistes même si certains ont pu être identifiés), en ayant visité beaucoup d'églises (surtout en Italie et en Turquie mais aussi en Grèce et en Russie), en ayant appris les techniques des mosaïstes antiques, mais il me serait difficile de dire exactement, au delà de quelques grands traits, en quoi consiste l'art paléochrétien ou byzantin et quelles sont les étapes chronologiques de leurs évolutions. Je recommande donc ce livre à ceux qui veulent s'initier à cet art en privilégiant les œuvres, mais je leur recommande également de ne s'engager dans cette lecture qu'avec quelques notions générale d'histoire sur la période. L'auteur aborde en effet la question de l'art byzantin comme si son lecteur connaissait les grandes étapes de l'évolution de l'Empire d'Orient. Or, si ses début de me sont connus, j'ignore tout de la fin de l'Empire byzantin, c'est-à-dire les règnes des Commène et des Paléologue. De même, lorsqu'il aborde les églises sicilienne bâties sous les Normands, il m'est revenu à l'esprit la question que je m'était posée en les visitant : mais comment les Normands se sont-ils retrouvés maîtres de cette île ? Que de lectures en perspectives pour répondre à ces questions !
Pour moi, c'est-à-dire avec mon regard de philosophe, le chapitre le plus intéressant est celui portant sur la querelle des images (chapitre 4). L'auteur parvient bien, malgré la difficulté de la question, à exposer les thèses en jeu et à en montrer les conséquences (durables) sur l'art. Il cite de nombreuses sources textuelles très éclairantes. Le débat de l'iconoclasme y fait donc l'objet d'une bonne mise au point.
Le charme du livre repose sur son format maniable, sur le nombre et la qualité des illustrations, mais aussi sur la variété des œuvres étudiées : les mosaïques bien sûr, mais aussi les manuscrits dont certains sont absolument somptueux. Cet ouvrage excite la curiosité et le questionnement sur les questions abordées mais invite aussi au voyage. Je n'ai jamais eu aussi envie d'aller visiter Ravenne (chapitre 3) et j'ai très hâte d'être à Istanbul cet été (chapitres 2, 6 et 9) !