mercredi 23 janvier 2013

John Lowden, L'art paléochrétien et byzantin

Dans le prolongement de la lecture de Bible et Histoire de Marie-Françoise Baslez, j'ai lu cet ouvrage d'initiation à l'art paléochrétien et byzantin. La démarche de l'auteur, John Lowden, est très anglo-saxonne : il ne s'agit pas d'un usuel offrant une synthèse ordonnée des origines de l'art chrétien, mais plutôt d'une ballade parmi des œuvres marquantes. Bien que maître de conférence en histoire de l'art à l'University Collegue de Londres, on est donc loin de l'ouvrage universitaire. Tel est à la fois le charme du livre et sa limite. On sort de sa lecture en ayant découvert de nombreuses œuvres inconnues (à défaut d'artistes même si certains ont pu être identifiés), en ayant visité beaucoup d'églises (surtout en Italie et en Turquie mais aussi en Grèce et en Russie), en ayant appris les techniques des mosaïstes antiques, mais il me serait difficile de dire exactement, au delà de quelques grands traits, en quoi consiste l'art paléochrétien ou byzantin et quelles sont les étapes chronologiques de leurs évolutions. Je recommande donc ce livre à ceux qui veulent s'initier à cet art en privilégiant les œuvres, mais je leur recommande également de ne s'engager dans cette lecture qu'avec quelques notions générale d'histoire sur la période. L'auteur aborde en effet la question de l'art byzantin comme si son lecteur connaissait les grandes étapes de l'évolution de l'Empire d'Orient. Or, si ses début de me sont connus, j'ignore tout de la fin de l'Empire byzantin, c'est-à-dire les règnes des Commène et des Paléologue. De même, lorsqu'il aborde les églises sicilienne bâties sous les Normands, il m'est revenu à l'esprit la question que je m'était posée en les visitant : mais comment les Normands se sont-ils retrouvés maîtres de cette île ? Que de lectures en perspectives pour répondre à ces questions !
Pour moi, c'est-à-dire avec mon regard de philosophe, le chapitre le plus intéressant est celui portant sur la querelle des images (chapitre 4). L'auteur parvient bien, malgré la difficulté de la question, à exposer les thèses en jeu et à en montrer les conséquences (durables) sur l'art. Il cite de nombreuses sources textuelles très éclairantes. Le débat de l'iconoclasme y fait donc l'objet d'une bonne mise au point.
Le charme du livre repose sur son format maniable, sur le nombre et la qualité des illustrations, mais aussi sur la variété des œuvres étudiées : les mosaïques bien sûr, mais aussi les manuscrits dont certains sont absolument somptueux. Cet ouvrage excite la curiosité et le questionnement sur les questions abordées mais invite aussi au voyage. Je n'ai jamais eu aussi envie d'aller visiter Ravenne (chapitre 3) et j'ai très hâte d'être à Istanbul cet été (chapitres 2, 6 et 9) !

dimanche 20 janvier 2013

Marie-Françoise Baslez, Bible et Histoire

Comment aborder ce texte (pour certains LE texte) qu'est la Bible lorsque l'on n'est pas croyant ? Comment comprendre son sens, son message et sa nouveauté dés lors qu'on ne le considère pas comme une Révélation ? Et même si l'on a la foi (ce qu'il est aisé de supposer chez l'auteure), dans quel milieu cette Révélation est-elle apparue ? 
Marie-Françoise Baslez propose dans Bible et Histoire une approche strictement historique en mettant à profit les méthodes de l'histoire moderne, ainsi que son immense érudition, afin de restituer toutes les dimensions (géographiques, politiques, sociales, économiques, culturelles) du monde dans lequel la Bible a été rédigée. Il en ressort que les textes bibliques sont éclairés par les analyses historiques qui, elles-mêmes, prennent ce texte comme un objet d'étude.
C'est le meilleur ouvrage que j'ai lu sur le contexte historique et social ayant donné naissance au christianisme. Il y a plusieurs années, je m'étais engagé dans la lecture des trois tomes Le monde de la Bible, Aux origines du christianisme et Les premiers temps de l'église, mais, composés d'articles ayant des objets et des approches très diverses, je n'en avais pas retenu grand chose. Ces trois ouvrages sont à réserver aux spécialistes ou à ceux qui s'intéressent à un fait précis.

L'ouvrage de Madame Baslez relève plus du manuel que de l'ouvrage de synthèse. Il est construit de façon chronologique et thématique. Partant de la traduction de la Bible hébraïque en grec, il finit sur le christianisme dans l'empire romain, notamment autour de la figure de saint Paul, dont Madame Baslez a rédigé la biographie. L'ampleur de la période étudiée, la multiplication des analyses et le nombre d'informations présentées vont qu'il faut l'avoir dans sa bibliothèque et s'y rapporter en cas de besoin.
En excellent ouvrage, d'une grande précision, d'une grande clarté donc et qui apporte un éclairage historique principalement sur le christianisme mais aussi, indirectement, sur le judaïsme, la religion romaine et la géopolitique antique du Moyen Orient.