Quel bonheur de se réfugier dans la belle maison de la Fondation Cartier-Bresson en ce plus que frais matin de fin avril ! La magnifique collection d'Howard Greenberg y était présentée. Plus qu'une collection privée, il s'agit d'une véritable anthologie de la photographie au 20e siècle ! Je connaissais certains clichés de façon indirecte par leur reproduction dans la publicité ou des manuels d'histoire de l'art mais je n'en avais jamais fait l'expérience sensible directe. Il en va de la photographie comme de la peinture, il faut se confronter directement aux oeuvres pour en saisir la forme et toute la force. Les fameuses jumelles de Diane Arbus par exemple est une toute petite photo de quelques centimètres carrés. De même, nous avons tous vu la Migrant Mother, Nipomo, Californie de Dorothea Lange de 1936, mais pour ma part, je n'avais jamais remarqué la présence dans les bras de cette mère d'un nourrisson dont on ne perçoit qu'une petite part du visage.
Quelques citations de photographes, très judicieusement choisies, ponctuent l'exposition de leurs travaux. Josef Sudek (photographe tchèque 1896-1976) affirme : "Tout ce qui surgit, mort ou vif, aux yeux d'un photographe inspiré prend mystérieusement différentes formes : un objet inanimé vient à la vie grâce à la lumière ou à ce qui l'entoure. Et si le photographe est un peu talentueux, il pourra en faire quelque chose - j'imagine que cela s'appelle la poésie."
Leon Levinstein (photographe américain 1913-1988) affirme : "Une bonne photographie doit prouver au spectateur que nos yeux voient bien peu de choses. La plupart des gens ne voient pas - ils savent seulement ce qu'ils ont l'habitude de voir ou ce qu'ils s'attendent à voir - alors qu'un photographe, s'il est doué, verra tout. Et c'est encore mieux s'il voit des choses auxquelles il ne s'attend pas." Pour paraphraser Paul Klee, comme tout autre art, la photographie ne reproduit pas le visible, elle rend visible.
Howar Greenberg, a fait preuve d'un gout exceptionnel pour constituer une collection parfaite.