jeudi 22 août 2013

Flore urbaine

La ville moderne n'est pas seulement un univers de goudron et de béton. Il suffit parfois d'être attentif à son environnement pour s'apercevoir que la nature, y compris dans ses formes les plus étranges et les plus belles, parvient à trouver sa place.
Ainsi, dans les plates bandes peu entretenues de mon lycée en Picardie, j'ai pu repérer, depuis deux ans déjà, la floraison d'un orchidée sauvage (à gauche) :  l'ophris bourdon (ophris fuciflora). Imitant l'abdomen d'un bourdon, le labelle de cette fleur présente à son extrémité un appendice jaunâtre dirigé vers l'avant. Elle est considérée comme assez rare, et même quasi menacée.
Quant au nénuphar ci-contre, je l'ai photographié au Jardin Éole à Paris. Cet espace vert est géré de façon alternée. Il y a des parterres entretenus mais il y a aussi des prairies naturelles et des espace où de bien belles "mauvaises herbes" se développent en toute liberté. Les bassins sont très jolis.

Musée des Beaux-Arts et Cathédrale d'Arras

A l'occasion d'une visite dans le Nord, j'ai eu l'occasion de découvrir, en plus du tout nouveau Louvre Lens, le musée et la cathédrale d'Arras. Ci-dessus deux photos prises à l'intérieure de cette dernière et retravaillées sur Instagram. Ayant été, pour une grande part, détruite pendant la Première Guerre mondiale, la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Vaast a fait l'objet d'une réfection l'ayant rendue au culte dans les années 30. C'est pourquoi la coupole de la chapelle de la Vierge, peinte par Marret est dans le style Art Déco. L'intérieur de cette cathédrale, toute de pierre blanche, contraste fortement avec cette coupole ainsi qu'avec d'autres fresques, très colorées.
Logé dans l'ancienne abbaye, le Musée des Beaux-Arts jouxte la cathédrale. Il est organisé autour d'une cour-cloitre, dont la galerie du 18e (ci-dessous) siècle est tout simplement magnifique !
Comme souvent dans les Musées de Province, on découvre quelques curiosités, comme ce buste allégorique de Jean-Baptiste Hugues (1849-1930) représentant la ville de Ravenne. Cette figure féminine porte un riche diadème à pendeloque dans le style byzantin contrastant avec la délicatesse des traits du visage, contraste renforcé par les matériaux : métal patiné sur marbre blanc.
Je fus aussi très surpris par l'immense Cène de Pascal Dagnan Bouveret (1852-1929), et notamment par la pose des différents apôtres et l'étrange lumière qui baigne ce dernier repas. La façon est indéniablement moderne, mais les références sont classiques : La fameuse Cène de Léonard, la mise en espace de Poussin mais aussi la lumière de La Tour.

 

mercredi 21 août 2013

La Galerie du Temps, Louvre Lens

En avril dernier, j'ai enfin découvert le Louvre Lens. Ce nouveau projet, de ce qui est devenu la franchise Louvre, avait fait parler de lui pour la discrétion de son architecture (comparée à celle du futur Louvre Abou Dabi...). Et, en effet, le visiteur découvre un bâtiment long et bas, de métal et de verre. Le choix des matériaux le rend presque immatériel car il prend la couleur du ciel. Lorsque j'y suis allé, les jardins n'étaient pas encore terminés mais promettaient un belle entrée végétale, tracée mais naturelle.
Nous venions principalement pour visiter la Galerie du temps. Pour les habitués du Louvre, la différence est flagrante et agréable ! Il n'est pas nécessaire de circuler de salle en salle, d'étage en étage, voire d'aile en aile pour admirer et comparer les œuvres exposées. La muséographie n'est cependant pas thématique mais reste bien chronologique. Le visiteur pénètre dans une grande salle, sans fenêtre, à l'éclairage zénithal, qui s'incline doucement vers les îlots d'exposition. Une table de vidéoprojection accueille le visiteur lui donnant quelques grands repères temporels. Puis se déroule alors sous nos yeux une grand part de l'histoire de l'art, c'est-à-dire de l'histoire de l'humanité ! Tout au long de cette salle, dans le haut du mur de droite, une frise chronologique permet de toujours se repérer dans le temps. C'est un véritable voyage dans le temps et dans l'espace, comme le souhaitait Valéry. L'installation des œuvres n'est pas linéaire. Elles se regroupent par petits ensembles, même si certaines pièces exceptionnelles, surtout pour leur monumentalité, sont isolées. Tout l'intérêt de ce choix de mise en scène réside dans la possibilité de voir en même temps, et donc de pouvoir comparer, des œuvres contemporaines mais appartenant à des civilisations ou des cultures différentes ou éloignées. 
Malgré la progression chronologique à laquelle cette grande galerie invite, le visiteur est conduit à une déambulation, à des aller-retour. Et lorsqu'il se retourne sur le parcours qu'il a déjà effectué, il prend conscience que d'autres œuvres dressent un parcours inverse. Il ne s'agit pas d'une installation qui n'a d'intérêt visuel qu'à sens unique, au contraire ! L’alternance du genre du type œuvres (sculptures, peintures, arts décoratifs, etc.) est très bien pensée. L'apparition de la peinture est, de ce fait, très marquante. On voit que l'art entre alors dans un autre registre.  
De plus, ce n'est vraiment pas une exposition de seconde zone. Le Louvre n'a pas pioché dans ses réserves pour occuper l'espace. Ce sont de très grandes œuvres, très connues, qui ont ici trouvées leurs places. On a l'impression de feuilleter un livre d'histoire de l'art ! Il y a cependant également pour l'amateur (et même pour ceux qui ont déjà arpentés le Louvre en long et en large) des découvertes ! Par exemple (à gauche) cette pièce en grès du Soudan, qu'on suppose être un élément de fenêtre, présentant le dieu égyptien Horus en cavalier romain terrassant un crocodile. Ou bien encore (à droite) ce haut-relief champenois représentant Le père éternel bénissant, entouré d'anges.
L'exposition temporaire Le temps à l’œuvre est intéressante également mais les espaces circulaires qui lui sont consacrés ne sont pas très agréables du fait de leur exiguïté.
Le site du Louvre Lens est très bien fait car on peut y retrouver l'ensemble des œuvres exposées, accompagnées par un commentaire audio très intéressant.


Allez donc à Lens et pour déjeuner en sortant, allez juste en face chez Cathy. Tout est bon et les frites sont superbes !

mardi 20 août 2013

Géométrie alimentaire

Balade urbaine sur les quais de l'Ourcq

Quelques photos (retravaillées sur Instagram) d'une intéressante balade urbaine (itinéraire sur Google Maps) le long des quais de l'Ourcq, de Bobigny (Parc départemental de la Bergère) jusqu'à La Villette. Il y a encore quelques friches urbaines et industrielles, supports de tagueurs. Ça change des quais de la Seine : il n'y a personne et on peut observer un tissu urbain en plein mutation.




lundi 19 août 2013

Les morts de la Saint-Jean, Henning Mankell

Que faire en vacances lorsqu'on a épuisé avant le retour les romans qu'on avait emporté ? Espérer que des touristes français aient oublié un livre que l'hôtel mettrait à disposition... Vœu exhaussé pour moi à Çıralı en Turquie avec ce polar suédois : Les morts de la Saint-Jean de Henning Mankell. Je ne lis pas beaucoup de romans policiers. Les quelques Agatha Christie lus plus jeune n'ont pas créé chez moi une passion particulière. J'aime beaucoup James Ellroy, mais ses romans ne sont pas seulement des polars, ce sont pour moi des romans noirs, des romans historiques et, surtout, il s'est forgé un style à nul autre pareil. Autrement dit, Ellroy est pour moi un véritable auteur, inventeur d'une écriture et même d'une structure romanesque propre.
C'est donc à défaut d'autre chose à lire que je me suis lancé dans ce gros roman policier (564 pages). Pour une raison que j'ignore les Éditions du Seuil ont introduit avant le roman un résumé de toute l'intrigue... Le plaisir de la découverte et le suspense sont donc un peu éventés et je recommande à ceux qui achèteraient cette édition de sauter la première page. Mais après, on découvre le commissaire Wallander (visiblement héros d'autres romans de Mankell) et on suit avec beaucoup d’intérêt l'enquête qu'il mène avec ses collègues. Tout le plaisir de ce roman repose sur la particularité de son style et de son approche : très réaliste et directe. Ni les policiers, ni le coupable ne semblent être des personnes extraordinaires. Mankell n'en fait ni des superhéros, ni des monstres. Aucun glamour, aucun mystère à la Thomas Harris. Mankell montre plutôt tout le processus d'une enquête. Comment une équipe d'enquêteurs parvient-elle à identifier un coupable ? Quelles questions se posent-ils ? Quelles sont leurs priorités ? Les modalités d'organisation de leur travail ? Leur façon de penser ? Quels sont les détours de leurs questionnements ? Tout cela est très bien rendu, sans susciter une seconde l'ennui. 
L'enquête envisagée du point de vue de Wallander est interrompue à quelques rares reprises par le point de vue du tueur. Ces brefs chapitres changeant de narrateur excitent la curiosité. Le personnage de Wallander est une sorte d'anti-héros, vieux, fatigué, une peu malade mais ayant un sens du devoir indéfectible le conduisant à faire preuve d'une ténacité extraordinaire. Ce roman m'a beaucoup plus également par son refus d'entrée dans la psychologie du tueur. Ce n'est pas (ou peu) une enquête de profilage. Et tout l'intérêt réside dans la traque du coupable. C'est pourquoi la scène de sa capture peut paraître un peu décevante, car elle n'est pas l'essentiel. Henning Mankell dresse aussi un portrait assez noire de la Suède. La situation de son pays semble l'inquiéter. 
Une bonne pioche donc que ce polar suédois !