Que faire en vacances lorsqu'on a épuisé avant le retour les romans qu'on avait emporté ? Espérer que des touristes français aient oublié un livre que l'hôtel mettrait à disposition... Vœu exhaussé pour moi à Çıralı en Turquie avec ce polar suédois : Les morts de la Saint-Jean de Henning Mankell. Je ne lis pas beaucoup de romans policiers. Les quelques Agatha Christie lus plus jeune n'ont pas créé chez moi une passion particulière. J'aime beaucoup James Ellroy, mais ses romans ne sont pas seulement des polars, ce sont pour moi des romans noirs, des romans historiques et, surtout, il s'est forgé un style à nul autre pareil. Autrement dit, Ellroy est pour moi un véritable auteur, inventeur d'une écriture et même d'une structure romanesque propre.
C'est donc à défaut d'autre chose à lire que je me suis lancé dans ce gros roman policier (564 pages). Pour une raison que j'ignore les Éditions du Seuil ont introduit avant le roman un résumé de toute l'intrigue... Le plaisir de la découverte et le suspense sont donc un peu éventés et je recommande à ceux qui achèteraient cette édition de sauter la première page. Mais après, on découvre le commissaire Wallander (visiblement héros d'autres romans de Mankell) et on suit avec beaucoup d’intérêt l'enquête qu'il mène avec ses collègues. Tout le plaisir de ce roman repose sur la particularité de son style et de son approche : très réaliste et directe. Ni les policiers, ni le coupable ne semblent être des personnes extraordinaires. Mankell n'en fait ni des superhéros, ni des monstres. Aucun glamour, aucun mystère à la Thomas Harris. Mankell montre plutôt tout le processus d'une enquête. Comment une équipe d'enquêteurs parvient-elle à identifier un coupable ? Quelles questions se posent-ils ? Quelles sont leurs priorités ? Les modalités d'organisation de leur travail ? Leur façon de penser ? Quels sont les détours de leurs questionnements ? Tout cela est très bien rendu, sans susciter une seconde l'ennui.
L'enquête envisagée du point de vue de Wallander est interrompue à quelques rares reprises par le point de vue du tueur. Ces brefs chapitres changeant de narrateur excitent la curiosité. Le personnage de Wallander est une sorte d'anti-héros, vieux, fatigué, une peu malade mais ayant un sens du devoir indéfectible le conduisant à faire preuve d'une ténacité extraordinaire. Ce roman m'a beaucoup plus également par son refus d'entrée dans la psychologie du tueur. Ce n'est pas (ou peu) une enquête de profilage. Et tout l'intérêt réside dans la traque du coupable. C'est pourquoi la scène de sa capture peut paraître un peu décevante, car elle n'est pas l'essentiel. Henning Mankell dresse aussi un portrait assez noire de la Suède. La situation de son pays semble l'inquiéter.
Une bonne pioche donc que ce polar suédois !
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