vendredi 26 octobre 2012

Handel, Rodelinda, Théatre des Champs-Elysées

Un heureux concours de circonstances (partiellement contrôlé...), m'offrait l'occasion d'aller écouter (et non voir : version de concert) cet opéra de Handel découvert l'année dernière grâce à une retransmission du MET et un DVD. C'est une œuvre que j'aime beaucoup, tant par le livret que pour sa musique. J'avais donc acquis l'enregistrement récent d'Alan Curtis et de son Compesso Barocco (Archiv Produktion, 2005), pour moi, l'enregistrement de référence au disque, loin devant la mollesse de la direction de Kraemer (Virgin, 1998), mais en deçà tout de même de la distribution vocale impeccable du DVD de Christie, pour ne rien dire de la mise en scène !
La distribution vocale s’annonçait de haut vol mais avec une redistribution des voix par rapport à l'enregistrement. Ci-dessous à droite, la distribution du Théâtre des Champs-Élysées et, à gauche, celle de l'enregistrement.
Karina Gauvin Rodelinda Simone Kermes
Sonia Prina  Bertarido Marijana Mijanovic
Romina Basso  Eduige Sonia Prina
Topi Lehtipuu  Grimoaldo Steve Davislim
Delphine Galou  Unulfo Marie-Nicole Lemieux
Matthew Brook  Garibaldo Vito Priante
 
Pour Rodelinda, Karina Gauvin comme Simone Kermes excellent dans la noble fierté, le courage à toute épreuve, la vertu inaltérable. Autant, Sonia Prina (dont la voix pourtant ne me plait guère) m'avait convaincu dans le rôle d'Eduige, autant elle m'est apparue comme peu taillée pour le rôle de Bertarido. Romina Basso ayant ainsi repris le rôle d'Euige y a mis la même musicalité, le même engagement physique et psychologique que dans toutes ses autres prises de rôle. Cet engagement peut parfois desservir le rôle comme dans le cas de sa Didon de Purcell, il y a quelques années, mais dans les personnage de Handel ou Vivaldi, elle est exceptionnelle. J'attendais beaucoup de Topi Lehtipuu qui s'est montré bien peu agile dans les passagi ou les moments de virtuosité, malgré la belle couleur de sa voix. Par contre, très belle surprise du côté des deux rôles annexes de Unulfo et Garibaldo. Une jeune française dans le premier rôle : Delphine Galou. Beaucoup d'engagement, très belle voix et belle maîtrise : à suivre ! On sent d'emblée chez Matthew Brook, une expérience bien plus ample dont il tire profit pour donner ses airs avec une aisance et une sincérité sidérantes. Dans l'ensemble une bonne distribution mais l'idéal aurait été pour moi : 
Rodelinda Simone Kermes ou Karina Gauvin (loin devant Renée Fleming)
Bertarido Marijana Mijanovic
Eduige
Romina Basso
Grimoaldo Steve Davislim
Unulfo Marie-Nicole Lemieux (malgré la belle prestation de
Delphine Galou)
Garibaldo
Matthew Brook (malgré le bel enregistrement de Vito Priante)
On a souvent reproché à Alan Curtis une direction assez indéterminée pour ne pas dire molle. A mes oreilles ces enregistrements n'en font pas preuve, mais il est vrai que sur scène ses gestes sont assez flous. L'orchestre s'en sort semble-t-il très bien tout seul, malgré un premier violon très cabotin et d'une rare indiscipline (parlant et même plaisantant pendant les récitatifs des chanteurs !). Dans l'ensemble une belle soirée lyrique, principalement grâce au génie de Handel pour lequel mon admiration ne cesse de croître.