Ce montage des couvertures des éditions de poche des enquêtes de Nicolas Le Floch révèle judicieusement l'art de Jean-François. La série (je parle bien évidemment des romans et non de la série télévisée...que je n'ai pas vu et que je ne souhaite pas voir, craignant le pire, comme souvent) dresse en effet une belle galerie de portraits. Les tableaux, plus souvent les pastels choisis laissent le lecteur libre d'identifier un des personnages de l'intrigue. Je suppose que l'homme brun en couverture de L'affaire Nicolas Le Foch, n'est autre que le commissaire (quoique la cravate et les mèches du modèle renvoient plutôt à un mode postérieure à l'époque du récit). Le vieil homme qui orne le premier de couverture du Crime de l'hôtel Saint-Florentin peut être le Duc de la Vrillière, centre de l'intrigue, celui, plus jeune, du Noyé du Grand Canal, peut être l'inspecteur Renard etc.
L'intérêt de cette série d'enquête réside bien évidemment, comme tout polar, à laisser jusqu'aux ultimes pages le lecteur dans l'incertitude concernant le coupable. De ce point de vue, Parot sait y faire : exposition, complications, rebondissement, dénouement confondant... la machine fonctionne bien (ce n'est pas le cas d'autres comme Iain Pears qui échoue complètement à construire un intrigue qui tient un tant soit peu le lecteur en haleine). Ce qui en fait autre chose que de la littérature poc-corn (j'entends par là, une littérature agréable, légère, distrayante, lue rapidement) réside dans la familiarité que l'auteur semble entretenir avec le 18e siècle français, et même plus particulièrement avec les années 1760-1780. Il parvient ainsi à restituer ce que les historien ne peuvent que difficilement faire, soumis aux impératifs d'objectivité et donc interdits d'invention : l'air d'une époque, dans tous les sens du terme. En lisant ces romans, on respire la puanteur des rues de Paris, on goûte des plats riches aux préparations complexes, on entend la musique à la mode, on déambule dans un Château de Versailles habité par autre chose qu'une masse ignare. Parot parvient par ailleurs à contourner la gageure que présente tout récit qui se situe dans une époque antérieure : celle de la langue parlée. Il parsème son récit de mots anciens, oubliés ou tombés en désuétude, ou appartenant à un lexique spécifique comme celui de la chasse, ou bien il rappelle l'origine de certaines expressions que nous employons encore. Bref, il fait montre d'un travail d'historien de la langue mais sur le mode de la curiosité. Parmi tant d'autres, j'ai retenu le mot foutinabuler, activité préférée de certains de mes élèves : s'amuser d'un rien.
Des romans policiers dont on sort donc plus savant.
J'attends la sortie en poche du dernier opus L'honneur de Sartine et m'interroge sur la suite : Parot ira-t-il jusqu'à la Révolution française ou bien mettra-t-il un terme à la carrière de son célèbre commissaire avant cela?
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