samedi 9 mars 2013

Céline Frisch, Bach, Clavier bien tempéré, Théâtre des Abbesses

Le théâtre de la Ville nous a proposé cette saison de réviser notre Bach tout en découvrant les talentueuses musiciennes françaises d'aujourd'hui. Aux Abbesses deux fois deux concerts ont été proposés pour réécouter les Sonates et Partitas pour violon seul par Amandine Beyer et l'intégrale du premier livre du Clavier bien tempéré par Céline Frisch. Deux concerts qui demandent de la concentration, tant pour l'interprète que pour l'auditeur. Céline Frisch le reconnaissait elle-même lors de ce son deuxième concert en donnant en rappel une pièce moins austère. Il est vrai que le Clavier bien tempé relève de l'exercice à la fois pour le compositeur mais aussi pour l'interprète dont le premier ne fut autre que l'un des fils de Bach, Wilhelm-Friedemann. Il en va de même pour l'auditeur car il est intéressant de saisir l'écriture particulière de chaque prélude et de chaque fugue, ce qui demande déjà deux types d'attention auditive différentes. Parfois les préludes non mesurés accordent aux oreilles un peu de repos entre deux fugues dont il faut suivre les lignes entrecroisées. Mais l'auditeur est aussi appelé à sentir dans quelle mesure chaque ton et demi-ton a une vibration, une couleur, un ethos particulier et que, en quelque sorte, il commande, ou du moins oriente, une composition spécifique.
Céline Frisch chemine à travers cette partition avec fermeté et clarté. Son jeu a l'austérité de celui du regretté Gustav Leonhardt. Je trouve même que ses interprétations aux Théâtre des Abbesses étaient encore plus ferme et dépouillées de tout lyrisme que celles de Leonhardt dans son enregistrement de 1973 chez Harmonia Mundi. Cette remarque n'est cependant pas une critique ! Loin de là ! Malgré tout le charme des interprétations "à la romantique" d'une Simone Dinerstein, Bach ne s'y retrouve pas. On saura donc gré à Céline Frisch d'oser le dépouillement, la clarté de la ligne, la musique comme science et non comme passion.

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