vendredi 19 juillet 2013

Roberta Gambarini, New Morning, Paris

Et dire que j'ai failli rater la venue à Paris de cette chanteuse de jazz dont j'ai les enregistrements mais que je n'avais jamais vu en concert ! J'aurai vraiment raté quelque chose !! Roberta Gambarini est d'origine italienne, elle est née à Milan, mais elle vit aux États-Unis. Elle n'a que trois albums à son actif, mais elle est accompagnée depuis ses débuts par les musiciens les plus reconnus. Sur le premier, elle a travaillé avec John Clayton partenaire de Diana Krall. Sur le second enregistrement, elle est accompagnée par Roy Hargrove et sur son dernier, elle est en duo avec le grand pianiste Hank Jones. C'est comme si cette belle brune n'avait pas eu à faire ses débuts mais que d'emblée, elle ait été reconnue comme une immense chanteuse et une grande musicienne.
 C'est une petite femme, dans sa quarantaine qui arrive sur scène, en robe bustier très courte (ayant affriolé les vieux messieurs du premier rang). L'imitation croco lamé noir n'est cependant pas du meilleur gout. Elle a un sourire éclatant sous sa crinière fournie et frisée.
Le concert a commencé de façon peu commune, car elle l'a dédicacé à Trayvor Martin et a chanté a cappella un gospel. La salle a immédiatement été refroidie et je me suis demandé comment elle allait engager la suite. Sans transition !
Ses deux sets ont été assez différents. Le premier excellent, très original, mêlant ballades et blues, standards et titres rares, en anglais mais aussi en italien (le sublime Estate !!) et en français. Le second set était plus classique, elle y a osé moins de choses, à l'exception d'un duo improvisé avec Denise sur East of the sun, West of the moon
Roberta Gambarini est en pleine possession de ses moyens vocaux. Elle peut tout se permettre de la ballade, à la limite du torch song, au blues le plus débridé, en passant par la bossa. Elle nous a donné un Chega de saudade d'anthologie !! Elle fait partie de celles qui scatent (pour ceux qui n'envisagent pas une chanteuse de jazz qui ne scate pas ou pour ceux qui ne supportent pas) et elle ne le fait pas parce que c'est un code du genre mais parce que c'est un moyen parmi d'autre de chanter, c'est-à-dire de faire de la musique. Elle ose même, la main sur le micro, faire un solo de trompette et c'est convaincant !! Elle a la faculté rare, très rare, je ne l'ai vu que chez Dee Dee Bridgewater, de se lancer dans une véritable improvisation de scat sans savoir où elle allait et d'emmener le public avec elle. C'est une très grande musicienne. Sa voix a un timbre très beau, très simple, sans grain ou velouté particulier mais elle peut tout se permettre du fait d'un registre très étendu. Elle a une diction parfaite. Ce concert fut une révélation car je n'aurai jamais pensé à l'écoute de ses enregistrements qu'elle puisse être aussi explosive sur scène. Une femme à suivre et, à mon avis, pour longtemps !
Ses jeunes musiciens étaient bons, mais ils sont restés un peu en retrait, à l'exception du batteur. Il faut dire que Roberta Gambarini sait ce qu'elle veut : elle conduit.
Par contre, on a connu le New Morning un peu mieux organisé. Micros changés à la dernière minute, oublis de raccordements, intervention pendant un morceau, instruments trop en retrait, nombreuses demandes des musiciens pour le retour, bref techniquement à revoir.

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